OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Mega enjeu http://owni.fr/2012/10/22/mega-enjeu/ http://owni.fr/2012/10/22/mega-enjeu/#comments Mon, 22 Oct 2012 05:42:14 +0000 Guillaume Dasquié http://owni.fr/?p=123439

Sûr de ses talents de communicant, Kim Schmitz (alias Dotcom) faisait mine vendredi dernier de confier à Wired le nom de son nouveau site de partage de fichiers.

Sans dévoiler l’adresse du nom de domaine, il laissait supposer qu’il s’intitulerait “Mega”. En lieu et place de MegaUpload, fermé à la suite d’une retentissante opération judiciaire menée par le FBI sur plainte de plusieurs majors américaines.

Mais les responsables qui travaillent sur le projet, et avec lesquels nous nous sommes entretenus, se montrent plus nuancés. Tel Emmanuel Gadaix, l’un des cerveaux de la nouvelle (et de l’ancienne) infrastructure, précisant que “Mega” se retrouvera bien dans la nouvelle marque mais attaché à d’autres mots.

Il nous assure que l’offre existera avant “la fin de l’année”, avec des ambitions considérables pour le marché de la musique et du cinéma en ligne :

Nous mettons en place des nouvelles mesures de sécurité. En particulier, un “client-side cryptosystem” qui chiffrera, de manière transparente pour l’utilisateur, toutes les données transmises sur le cloud. Lors du lancement, d’ici la fin de l’année 2012, nous dévoilerons nos API qui permettront aux développeurs de créer une multitude d’applications innovantes, qui utiliseront la puissance et la sécurité de cloud Mega [...] Nous allons respecter les règles du DMCA qui protègent les hébergeurs contre les actions de leurs utilisateurs.

Dans le secret de MegaUpload

Dans le secret de MegaUpload

Comptes offshore, sociétés à Hong Kong ou à Auckland, porte-parole mystère et pactole considérable dans des paradis ...

Services secrets

Si la trajectoire de Kim Dotcom dresse le portrait d’un bonimenteur 2.0 pas toujours de très bon goût, comme le montre une enquête fouillée du site Ars Technica, celle d’Emmanuel Gadaix, plus discrète, présente le profil d’un visionnaire de la sécurité des réseaux.

Entre 1993 et 1998, ses talents l’amenèrent à être régulièrement sollicité par la DST (les services secrets de sécurité intérieure français, devenus la DCRI) pour organiser diverses opérations et en particulier des tests d’intrusion.

Une tranche de vie qui se trouve résumée dans une décision de relaxe prise par la 13ème Chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Paris, le 2 novembre 2000, pour une visite à l’intérieur d’un serveur du groupe pétrolier Exxon, réalisée à la demande des services français. Et donc pardonnée. Il était alors âgé de 33 ans.

Depuis, établi entre la Thaïlande et Hong Kong, Emmanuel Gadaix participe comme consultant à d’importants chantiers en sécurité des systèmes, loin des institutions. En marge de ses projets avec Kim Schmitz, il collabore à des travaux de recherche avec la société française P1 Security, dirigée par Philippe Langlois, l’un des papes en sécurité des systèmes d’information – le 8 octobre dernier, ce dernier présentait quelques résultats pointus en compagnie de Gadaix, lors de la dernière Hack in the box Conference de Kuala Lumpur.

Abusive

Grâce à Gadaix, sur le nouveau Mega, les administrateurs du site ne pourront pas déchiffrer les données et les opérations des personnes qui utilisent leurs services – contrairement aux responsables de Google ou de Dropbox. Avec un gros objectif à court terme : concurrencer iTunes, ni plus ni moins, grâce à une base juridique et technique sans équivalent.

Les serveurs seront dans de multiples juridictions y compris en Europe. Comme toutes les données stockées sur le serveur ne pourront être décryptées, nous pourrions même en héberger aux Etats-Unis. Nous ne le ferons pas, à titre de sanction économique tout d’abord, mais aussi par respect pour nos millions d’utilisateurs dont les données sont toujours otages du gouvernement américain.

Internet après la fin de Megaupload

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La coupure de Megaupload a provoqué un torrent de réactions. Le problème n'est pas la disparition du site en lui-même. Il ...

Car l’homme, ainsi qu’une partie de l’entourage de Kim Schmitz, considère que l’opération judiciaire du FBI de l’hiver dernier a servi de manière abusive les majors de la musique et du cinéma. Intervenue le 19 janvier, elle précédait de deux jours le lancement de Megabox, prévu le 21 janvier.

À ce moment-là, dans un entretien accordé par Emmanuel Gadaix au site CitizenKane.fr, Megabox était présenté comme un futur iTunes sans intermédiaire, permettant aux artistes d’être directement rémunérés par leur public.

Coïncidences

Le 26 septembre dernier, Kim Schmitz s’en amusait sur sa chaîne YouTube, en diffusant une bande-annonce de Megabox qui semble avoir été produite pour le lancement initialement prévu le 21 janvier, avant d’être annulé.

Gadaix sourit. Dit qu’il ne croit pas aux coïncidences. Peu de temps avant l’arrestation de ses partenaires, il s’était rendu le 11 janvier à une invitation du Sénat français pour discuter droits d’auteur et libertés numériques – les internautes français, à eux seuls, apportaient 12% du chiffre d’affaires global de MegaUpload.

À cette occasion, il avait – nous assure-t-il – pris des premiers contacts avec les responsables d’Hadopi, en coulisses, pour préparer des négociations futures, envisagées début février. Du côté de l’Hadopi, a priori personne ne semble s’en souvenir.

Selon Emmanuel Gadaix, “pour Mega, l’objet de la discussion était de trouver des moyens de travailler ensemble pour réduire la piraterie sur le Net et pour étudier des méthodes de rémunération des auteurs grâce aux nouveaux services de Mega”, avec notamment la possibilité de domicilier en France une partie des revenus dans l’attente de définir la meilleure clé de répartition.

Pas sûr que la renaissance de MegaUpload ne ressuscite les mêmes intentions.


Illustration et couverture par Cédric Audinot pour Owni /-)

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Le dur parcours de l’assassin de créateurs http://owni.fr/2011/05/04/assassin-de-createurs/ http://owni.fr/2011/05/04/assassin-de-createurs/#comments Wed, 04 May 2011 12:00:02 +0000 Philippe Aigrain http://owni.fr/?p=60946

Lors d’un récent débat sur Public Sénat (à partir de 15′), où Félix Tréguer de La Quadrature du Net tentait de finir une phrase pour défendre le partage des œuvres culturelles numériques, Thierry Solère, chargé des questions Internet à l’UMP l’interrompit avec cette phrase :

Prendre une œuvre créée par quelqu’un qui vit de sa création, gratuitement alors qu’elle est payante, c’est tuer le créateur.

Tout énoncé qui vise à clore un débat par l’affirmation d’une évidence supposée mérite au contraire qu’on s’y arrête. Il va falloir ici considérer presque chaque mot.

« Prendre » d’abord : l’étymologie du mot renvoie à prehendere (faire préhension, chasser). Voilà l’internaute prédateur qui s’empare des œuvres, et dépouille le créateur. Félix Tréguer parlait de partage, ce qui signale que si quelqu’un est en mesure d’accéder gratuitement à une œuvre dans le partage, c’est que quelqu’un d’autre lui a donné ou l’a mise à sa disposition. C’est cet acte bien précis que des mots comme prendre ou téléchargement visent à cacher.

Considérons des situations analogues. Je viens d’échanger quelques livres avec l’une de mes filles. Chacun de nous deux vient de les « prendre » gratuitement. Nul doute n’est possible : c’était assez agréable de tuer ces créateurs que nous apprécions. Ah, bien sûr nous exagérons avec ce parallèle : d’abord nous ne « prenons » qu’à petite échelle, et en plus, celui qui donne se prive de ce qu’il donne. Ce dernier point est mineur, d’ailleurs la privation est très relative car nous ne partageons les livres qu’après les avoir lus, et il est bien rare que nous souffrions de ne pouvoir les relire à nouveau. Passons sur ces réminiscences sacrificielles et considérons le point plus important de l’échelle.

Les bibliothèques : du crime en bande organisée

Dans les pratiques récentes des cercles familiaux et amicaux, chaque exemplaire d’un livre a plusieurs lecteurs, et plus le livre est apprécié, plus ce nombre augmente. Heureusement, le livre électronique promet de nous rendre ces partages bien plus difficiles. Il va bientôt falloir se bouger un peu pour tuer les auteurs en lisant leurs livres gratuitement. On ne pourra cependant s’arrêter là : les bibliothèques, le book crossing ou le Circul’livres organisent le partage à une échelle supérieure. Voilà de la bande organisée en vue de tuer les créateurs.

Heureusement que diverses réformes ont aggravé sévèrement les peines et diminué les exigences de preuve pour la répression de tels méfaits. La fait de faire partie (comprendre : se promener au mauvais endroit) d’une bande organisée constituée en vue de commettre un crime dont l’un des membres possède une arme a été soumis à des peines de prison très accrues. Il va donc être possible d’envoyer pour longtemps en prison tout bibliothécaire, toute personne qui fréquente un possesseur d’ordinateur ou de chariot susceptible de recevoir des livres et quelques adjoints au maire chargés de la culture. Mais admettons tout de même que l’échelle et la vitesse de circulation des œuvres dans le partage sur Internet reste bien supérieure à celle observée dans ces exemples, et il faudra donc employer des moyens d’une toute autre ampleur pour empêcher ces assassinats. Robert Darnton, pourtant avocat du partage des connaissances, n’avait pas craint il y a peu d’envisager en conclusion d’un entretien dans Le Monde 2, la création de livres auto-destructifs qui se détruisent eux-mêmes dès qu’une personne les aura lus. Quand tout cela sera en place, l’assassinat de créateurs sera un vrai sport de compétition.

Tuer, oui, mais à bon escient

Passons à « une œuvre créée par quelqu’un qui vit de sa création ». L’assassin de créateurs, pour être sûr de ne pas perdre son temps, devra d’abord vérifier qu’il ne partage pas une œuvre qui aurait été créée par un créateur décédé ou par un créateur qui ne vit de sa création que secondairement ou marginalement. Il ne devra pas gaspiller de temps avec les œuvres de domaine public (s’il en reste) ou les œuvres collectives créées par des masses de créateurs, qui le plus souvent ont déjà été tués par les éditeurs, ou pire encore celles dont les créateurs souhaitent qu’elles soient partagées autant que se peut, et on ne va tout de même pas leur faire plaisir à ces masos en les tuant.

À vrai dire, là, M. Solère est très en dessous de ce que son parti est en droit d’attendre de lui. Car tout temps consacré à une œuvre qui n’émane pas d’un créateur qui vit de sa création tue les membres de cette congrégation tout aussi efficacement, voire plus que si on partageait leurs propres œuvres. La seule solution serait pour M. Solère de reconnaître que pour lui le mot créateur s’étend aux acceptions suivantes : héritiers, producteurs, éditeurs et distributeurs, ainsi que bibliothèques, musées et archives transformés en marchands publics de biens privés, et les investisseurs dans toutes ces activités. Ne resteraient exclus que les auteurs partageurs volontaires (ceux à qui ça fait trop plaisir qu’on les tue). Voilà qui constituerait une simplification juridique considérable : nous pourrions être sûrs que chaque acte de partage tue bien un créateur au moins, sauf dans le cas où il en tirerait du plaisir.

Considérons enfin « gratuitement alors qu’elle est payante ». C’est la que toute la philosophie du fondamentalisme marchand s’exprime. Celle-là même qui domine dans le débat parlementaire sur le projet de loi sur le prix unique du livre numérique, dans lequel l’éventualité du partage hors-marché volontaire des œuvres numériques et la possibilité que celui-ci pourrait être combiné avec leur vente n’a pas effleuré l’esprit des parlementaires. La précision de M. Solère est toute louable. Il va falloir créer deux catégories d’œuvres : les gratuites (cf. créateurs masochistes) et les payantes. Ainsi on sera sûr de n’assassiner les créateurs qu’à bon escient.

Billet initialement publié sur Communs / Commons ; photo Flickr CC AttributionNoncommercial Paul J. S.

Chapô, intertitres et photo ont été choisis par OWNI

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Retour sur la startup australienne Guvera http://owni.fr/2011/03/23/retour-sur-la-startup-australienne-guvera/ http://owni.fr/2011/03/23/retour-sur-la-startup-australienne-guvera/#comments Wed, 23 Mar 2011 17:00:31 +0000 Guillaume Vialet http://owni.fr/?p=31320 Il y a un an la startup Guvera se lançait aux États-Unis, après une brève bêta sur son marché natif, l’Australie.  Dernière venue dans l’univers du téléchargement financé par la publicité, cette société a développé un modèle publicitaire non intrusif en prenant le contre-pied de ses concurrent (comme le format vidéo « pre-roll » de Beezik) et en intégrant le musique au cœur de la marque.

Guvera, acteur du « tout-gratuit » financé par la pub

Guvera est un nom qui ne doit probablement rien vous évoquer. C’est pourtant avec Beezik et Echolize une des rares offres de téléchargement gratuit (et immédiat) de musique sur le Web, sans DRM évidemment.

Cette société australienne s’est lancée sur son marché en décembre 2009 afin de roder son service tout en capitalisant sur les artistes locaux. Après deux levées de fonds totalisant 30 millions de dollars, elle a très vite mis le cap sur les États-Unis fin mars 2010 avec de grosses ambitions : y détrôner tous les acteurs du marché.

Pour ceux qui ne connaissent pas les principes de fonctionnement du « Ché » de la musique numérique, un billet publié sur le blog de l’auteur vous présentera en détail le service qui se veut une alternative au téléchargement pirate.

Le magazine Billboard a d’ailleurs classé Guvera en 8ème position des meilleures startups musicales de l’année 2010.

Vers une troisième levée de fonds de $9 millions

Malgré les sommes déjà levées il y a à peine un an, la société a lancé fin octobre 2010 une augmentation de capital afin de récolter au mieux 9 millions de dollars auprès de ses investisseurs initiaux (via AMMA Private Investment) ainsi que de nouveaux entrants.

Le dossier financier nous en apprend plus sur la situation actuelle de Guvera, ses freins ainsi que ses ambitions. Le premier objectif est de sécuriser les contrats passés entre Guvera et les majors EMI et Universal Music aux États-Unis et en Australie (pas moins de $700,000 seraient ainsi consacrés à ces contrats signés dans l’hypothèse d’une levée de fond minimale d’un million de dollars).

Les fonds levés, s’ils devaient atteindre les objectifs les plus optimistes, serviraient également à convaincre Sony-BMG d’ouvrir son catalogue dans ces deux pays et Warner en Australie seulement (la major étant particulièrement frileuse face aux sites « gratuits »). Du point de vue musique justement, le document fait état d’un tout petit million de morceaux MP3 encodés en 256 kbps, mais la société a annoncé disposer de 3 millions de titres sur Twitter en février dernier.

Guvera révèle aussi ses intentions d’explorer d’autres produits que la musique (films et séries TV) et de développer des applications mobiles afin d’y permettre le streaming de titres (le streaming sera à mon sens le cheval de bataille de l’année 2011 pour bien des startups). Guvera a aussi ouvert une antenne en Angleterre où elle négocierait les droits d’accès aux catalogues de musique.

Côté utilisateurs, bien que la startup se félicite de recruter 10 000 nouveaux utilisateurs par mois, elle ne comptait que 160 000 membres en janvier 2011 tous pays confondus (cf. annonce sur Twitter). Ils étaient 120 000 en octobre. C’est extrêmement peu sur un créneau aussi porteur que le gratuit, comparé aux 1,2 millions de membres de Beezik lancé quelques mois plus tôt mais sur un marché français considérablement plus petit et sans réel effort de communication.

Des taux de clics de 10% et plus

Les études de cas qui illustrent le dossier financier nous révèlent que le taux de clic s’échelonne entre 7% (pour American Express qui est aussi client de Free All Music) jusqu’à un remarquable 40% ; la moyenne des cas repris correspond plutôt à un taux de clic de 10~12%. Mais est-ce cependant l’exception ou la règle du système Guvera ?

L’entreprise, qui espère être profitable fin 2011-début 2012, fait état d’un chiffre d’affaire très modeste : 17 000 dollars de ventes réalisées en 2010 (chiffre à prendre avec beaucoup de précautions). Ce chiffre peut s’expliquer par la nécessité pour un annonceur d’une part de maîtriser le concept particulier des chanels développé par la startup, et d’autre part la difficulté d’évaluer le ROI d’une opération relativement coûteuse (plusieurs milliers de dollars, chaque titre téléchargé étant évidemment payé par l’annonceur).

Il est d’ailleurs intéressant de jeter un œil à leur documentation commerciale qui met l’accent sur la fidélisation client quitte à faire une entorse à son modèle publicitaire original, diversification probablement imposée par le marché. Une démarche B2B – sans passer par le recrutement coûteux et la qualification de membres – aurait sans doute été plus judicieuse.

C’est d’ailleurs sur ce créneau que la société française MyFanGroup s’est tout de suite positionnée. Mais sur ce marché, Guvera a devant elle d’autres concurrents aux États-Unis : Music Interactive et Free All Music

Quelques enseignements tirés de cette année d’exploitation

  • La musique représente 3/4 des besoins en trésorerie de la société, c’est un poids considérable et un frein au développement de toute startup officiant dans le monde de la musique numérique.
  • Le tout-gratuit n’est pas synonyme d’inscriptions spontanées et en nombre. Il aura fallu sponsoriser un roadshow pour que Guvera voit enfin son taux d’inscription grimper, malgré une couverture médiatique supérieure ou égale à celle de Beezik. Le processus d’accès à la musique est donc capital (téléchargement immédiat et illimité sur Beezik, limité et au final différé sur Guvera) en matière d’acquisition d’utilisateurs.
  • Convaincre les annonceurs d’utiliser un nouveau support publicitaire en ligne prend nécessairement beaucoup de temps. Le point mort ne sera atteint qu’après deux années d’activité selon les prévisions optimistes de Guvera. Les moyens humains et financiers liés à la commercialisation de ses produits représentent (après le développement de la plateforme en 2008-2010) le principal poste de dépenses de la société, derrière la musique.

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Cet article a été initialement publié sur vialet.org

Voir l’article sur Beezik publié sur OWNImusic

Crédits photos : Guvera press

Il y a un an se lançait aux États-Unis la startup Guvera, après une bêta de quelques mois en Australie.

Guvera est un nom qui ne doit probablement rien vous évoquer. C’est pourtant avec Beezik et Echolize une des rares offres de téléchargement gratuit (et immédiat) de musique sur le Web, sans DRM évidemment.

Guvera, acteur du « tout-gratuit » financé par la pub

Cette société australienne s’est lancée sur son marché en décembre 2009 afin de roder son service tout en capitalisant sur les artistes locaux. Après deux levées de fonds totalisant 30 millions de dollars, elle a très vite mis le cap sur les États-Unis fin mars 2010 avec de grosses ambitions : y détrôner tous les acteurs du marché.

Pour ceux qui ne connaissent pas les principes de fonctionnement du « Ché » de la musique numérique, un précédent billet vous présentera le service qui se veut une alternative au téléchargement pirate.

Le magazine Billboard a d’ailleurs classé Guvera en 8ème position des meilleures startups musicales de l’année 2010.

Vers une troisième levée de fonds de $9 millions

Malgré les sommes déjà levées il y a à peine un an, la société a lancé fin octobre 2010 une augmentation de capital afin de récolter au mieux 9 millions de dollars auprès de ses investisseurs initiaux (via AMMA Private Investment) ainsi que de nouveaux entrants.

Le dossier financier nous en apprend plus sur la situation actuelle de Guvera, ses freins ainsi que ses ambitions. Le premier objectif est de sécuriser les contrats passés entre Guvera et les majors EMI et Universal Music aux États-Unis et en Australie (pas moins de $700,000 seraient ainsi consacrés à ces contrats signés dans l’hypothèse d’une levée de fond minimale d’un million de dollars).

Les fonds levés, s’ils devaient atteindre les objectifs les plus optimistes, serviraient également à convaincre Sony-BMG d’ouvrir son catalogue dans ces deux pays et Warner en Australie seulement (la major étant particulièrement frileuse face aux sites « gratuits »). Du point de vue musique justement, le document fait état d’un tout petit million de morceaux MP3 encodés en 256 kbps, mais la société a annoncé disposer de 3 millions de titres sur Twitter en février dernier.

Guvera révèle aussi ses intentions d’explorer d’autres produits que la musique (films et séries TV) et de développer des applications mobiles afin d’y permettre le streaming de titres (le streaming sera à mon sens le cheval de bataille de l’année 2011 pour bien des startups). Guvera a aussi ouvert une antenne en Angleterre où elle négocierait les droits d’accès aux catalogues de musique.

Côté utilisateurs, bien que la startup se félicite de recruter 10 000 nouveaux utilisateurs par mois, elle ne comptait que 160 000 membres en janvier 2011 tous pays confondus (cf. annonce sur Twitter). Ils étaient 120 000 en octobre. C’est extrêmement peu sur un créneau aussi porteur que le gratuit, comparé aux 1,2 millions de membres de Beezik lancé quelques mois plus tôt mais sur un marché français considérablement plus petit et sans réel effort de communication.

Des taux de clics de 10% et plus

Les études de cas qui illustrent le dossier financier nous révèlent que le taux de clic s’échelonne entre 7% (pour American Express qui est aussi client de Free All Music) jusqu’à un remarquable 40% ; la moyenne des cas repris correspond plutôt à un taux de clic de 10~12%. Mais est-ce cependant l’exception ou la règle du système Guvera ?

L’entreprise, qui espère être profitable fin 2011-début 2012, fait état d’un chiffre d’affaire très modeste : 17 000 dollars de ventes réalisées en 2010 (chiffre à prendre avec beaucoup de précautions). Ce chiffre peut s’expliquer par la nécessité pour un annonceur d’une part de maîtriser le concept particulier des chanels développé par la startup, et d’autre part la difficulté d’évaluer le ROI d’une opération relativement coûteuse (plusieurs milliers de dollars, chaque titre téléchargé étant évidemment payé par l’annonceur).

Extrait de la brochure commerciale de Guvera

Il est d’ailleurs intéressant de jeter un œil à leur documentation commerciale qui met l’accent sur la fidélisation client quitte à faire une entorse à son modèle publicitaire original, diversification probablement imposée par le marché. Une démarche B2B – sans passer par le recrutement coûteux et la qualification de membres – aurait sans doute été plus judicieuse.

C’est d’ailleurs sur ce créneau que la société française MyFanGroup s’est tout de suite positionnée. Mais sur ce marché, Guvera a devant elle d’autres concurrents aux États-Unis : Music Interactive et Free All Music

Quelques enseignements tirés de cette année d’exploitation

  • La musique représente 3/4 des besoins en trésorerie de la société, c’est un poids considérable et un frein au développement de toute startup officiant dans le monde de la musique numérique.
  • Le tout-gratuit n’est pas synonyme d’inscriptions spontanées et en nombre. Il aura fallu sponsoriser un roadshow pour que Guvera voit enfin son taux d’inscription grimper, malgré une couverture médiatique supérieure ou égale à celle de Beezik. Le processus d’accès à la musique est donc capital (téléchargement immédiat et illimité sur Beezik, limité et au final différé sur Guvera) en matière d’acquisition d’utilisateurs.
  • Convaincre les annonceurs d’utiliser un nouveau support publicitaire en ligne prend nécessairement beaucoup de temps. Le point mort ne sera atteint qu’après deux années d’activité selon les prévisions optimistes de Guvera. Les moyens humains et financiers liés à la commercialisation de ses produits représentent (après le développement de la plateforme en 2008-2010) le principal poste de dépenses de la société, derrière la musique.
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http://owni.fr/2011/03/23/retour-sur-la-startup-australienne-guvera/feed/ 0
David Hyman, PDG de MOG: YouTube, la gratuité et le reste… http://owni.fr/2011/02/26/david-hyman-pdg-de-mog-youtube-la-gratuite-et-le-reste/ http://owni.fr/2011/02/26/david-hyman-pdg-de-mog-youtube-la-gratuite-et-le-reste/#comments Sat, 26 Feb 2011 15:28:20 +0000 Kyle Bylin http://owni.fr/?p=48615 Kyle Bylin est à l’origine du site américain Hypebot.com, qui se fait l’écho des évolutions de l’industre de la musique. Vous pouvez le retrouver sur Twitter (@hypebot, @kbylin)

Cet article est une réponse à l’article : “Youtube : un modèle gratuit qui paye?

J’ai eu l’occasion d’échanger avec David Hyman, le fondateur et PDG de MOG, un service musical basé sur le “cloud”. Au cours de cet entretien, David et moi-même abordons l’impact de YouTube sur la musique et pourquoi les périodes d’essai gratuites sur les services de musique par abonnement doivent être allongées.

Ce qui suit est une version éditée de notre conversation.

Hypebot : Bonjour Dave, merci de m’accorder un peu de votre temps.

David Hyman : Bonjour !

Commençons doucement, nous passerons progressivement à d’autres sujets. Eliot Van Buskirk, du site Evolver.fm, a récemment publié un article à lire absolument. Il y disait des choses intéressantes sur YouTube. Globalement, ce service a beaucoup apporté à la musique, mais paradoxalement, il lui fait sans doute aussi du tort. Pensez-vous que YouTube, avec toute sa musique en accès libre et le fait que chacun puisse y partager ce qu’il veut, soit néfaste pour MOG ?

Je ne pense pas que nous perdions des abonnés au profit de YouTube. Cette expérience (YT) concerne plutôt les tubes. On ne peut pas y écouter une succession de chansons. Il n’y a pas de programmation passive. Pas de playlists. Pas d’albums. Le principe est plutôt : “un titre à la fois”. Avant 1985 on ne faisait pas de clips vidéo, et pourtant il y a eu beaucoup de BONNE MUSIQUE avant 1985 ! Après cette date, la video a été cantonnée à quelques chansons par album au mieux. Si vous voulez entendre les tubes, écoutez la radio ou allez sur YouTube. Je ne crois pas que nos abonnés soient ce type de consommateurs.

D’accord. L’autre point soulevé par Buskirk dans son papier concerne le fait que la plateforme pousse de nombreux développeurs à intégrer l’API de YouTube, au lieu d’essayer de monter des partenariats avec des services existants comme MOG. Le fait que l’API de YouTube soit disponible porte-t-il préjudice à MOG du point de vue de l’innovation et de l’intégration ?

Je n’ai aucun site séduisant utilisant l’API YouTube pour offrir une expérience d’écoute satisfaisante qui me vienne à l’esprit. Nommez-en un ! Vous voyez, YouTube ne nous rend pas service. Mais il ne nous fait pas vraiment de mal, voire pas du tout. Ca me fait juste un peu mal au coeur. Mais je n’en suis pas non plus à perdre le sommeil en m’inquiétant des projections de MOG par rapport à YouTube !

Et SoundHound alors ? Plutôt que de recommender des streams de 30 secondes depuis MOG, leur app envoit les gens vers Youtube.

C’est vrai. Mais Soundhound veut aussi inclure MOG ! Ce sera bientôt le cas. On peut payer à Soundhound des frais d’affiliation. Qu’est ce que Youtube paie à Soundhound ?

Bien vu. Passons ! Un des sujets qui m’interpellent le plus concerne les périodes d’essais gratuits. Pensez vous qu’elles soient trop courtes ?

Bonne question ! Je ne pense pas qu’on ait suffisamment de données pour le moment. Je dirais que Netflix se débrouille très bien pour ce qui est de proposer des prestations satisfaisantes dans le cadre d’une période d’essai de durée comparable.

Et pour les films, est-ce différent ?

Peut être ! Je crois qu’on va en arriver là. Pour fournir davantage que ce que l’on fournit déjà, cela coûterait davantage aux labels. Et quand bien même, ils restreindront toujours la quantité de contenu gratuit que l’on peut proposer. Les frais associés à la mise à disposition de contenu gratuit au delà de la période d’essai gratuit que nous proposons sont prohibitifs. Les labels exigent des taux plutôt élevés sur la base du “par titre/par stream”. La modélisation qu’on a faite nous apprend qu’on ne pourrait pas compenser les coûts par la conversion et la publicité. Est-il possible qu’on ait tort ? Oui. Les taux sont très élevés, croyez-moi. Si je pouvais donner davantage et faire fonctionner le modèle, je le ferais. Nous passons une bonne partie de notre temps chaque jour à plancher sur ce sujet.

C’est aussi comme ça que je vois les choses. Les coûts sont beaucoup trop élevés, quoi qu’on en dise.

Nous essayons de trouver des solutions pour donner gratuitement de manière restreinte et ce de mieux en mieux et avec succès ! Ma seule inquiétude, c’est qu’une fois qu’on passe de “gratuit” à “gratuit restreint”, cela devient un “essai gratuit” et donc on perd l’intérêt de la vraie gratuité. Avec les coûts auxquels on fait face, on ne peut pas fournir du vrai gratuit.

J’imagine que le “gratuit restreint” au final ce serait une fonction “radio” ou du streaming limité. Pour moi, le bon côté d’un tel arrangement est que cela donne aux amateurs de musique le temps de se construire leur bibliothèque musicale. Plus ils aiment de chansons (chacune étant stockée dans leur bibliothèque), plus il est facile pour eux de devenir “propriétaires” de ces titres et de voir la valeur qu’a le fait de payer pour y accéder.

Je suis d’accord.

De mon point de vue, le cas des films est bien différent de celui de la musique. Je dirais que les gens ne se considèrent pas propriétaires des films qu’ils regardent en streaming sur Netflix parce qu’ils ne sont pas sensés l’être. La musique, ce n’est pas comme le cinéma. C’est plus comme le canapé que vous louez. Une fois qu’il est chez vous, vous avez du mal à voir comment vous allez en faire “votre” canapé. Une fois la période d’essai passée, vous n’aurez plus envie de vous en séparer. En vrai, vous pensiez que vous l’aviez loué, mais en fait, vous l’avez dors et déjà acheté.

Bien vu. Je dirai ceci : ne prenez pas ce qui suit pour argent comptant, ce n’est qu’une question de données… On a testé deux options : barrière de péage contre accès gratuit. Demander aux gens de payer avant d’utiliser l’essai gratuit s’est révélé meilleur en termes de conversion, au même niveau que le revenu net. On a tendance à penser que les choses dépendent davantage de comment le visiteur est arrivé sur site. Dans certains cas, ce serait mieux sans paywall. Et cela dépend aussi de la plateforme utilisée : smartphone, web etc…

Je crois que vous avez raison. Là tout de suite je ne me souviens pas des études faites à ce sujet. Mais globalement, nous échouons à prendre en compte la variable “origine” dans la prise de décision. Alors, comment se séparer du fardeau de la “propriété” sans pour autant enlever les avantages cognitifs ?

Les gens doivent pouvoir accéder à la musique de partout : depuis leur voiture, leur télé, leur téléphone, et leur console de jeu. Partout. Je pense que les bénéfices de la propriété sont déjà morts. Le problème, c’est principalement un manque d’éducation.

Tout à fait. Autre chose : quand on dit (et par “on” je veux dire “je” !) qu’il faut que les utilisateurs assument la propriété de leur musique, ça ne veut pas dire grand chose. Une génération entière de fans n’a absolument aucune idée de ce que signifie “posséder de la musique”, sous quelque forme que ce soit. Cette génération n’a d’ailleurs jamais eu à faire d’effort non plus pour la trouver.

Oui, comme ma fille de 7 ans. Elle a MOG sur un iPod dans une station d’accueil Altec Lansing dans sa chambre. Elle est accro. Elle ne sait pas faire la différence entre le téléchargement et le streaming. Allez, je dois me sauver !

Pas de problème, merci d’avoir pris le temps de discuter !

Cet article est une réponse à l’article : “Youtube : un modèle gratuit qui paye?

Article initialement publié sur Hypebot.com

Illustrations CC FlickR: william couch, orange_beard, samantha celera

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http://owni.fr/2011/02/26/david-hyman-pdg-de-mog-youtube-la-gratuite-et-le-reste/feed/ 3
Lady Gaga, The Strokes et la patience de l’internaute http://owni.fr/2011/02/16/lady-gaga-the-strokes-et-la-patience-de-linternaute/ http://owni.fr/2011/02/16/lady-gaga-the-strokes-et-la-patience-de-linternaute/#comments Wed, 16 Feb 2011 09:18:39 +0000 Louis Morales-Chanard http://owni.fr/?p=30330 Louis Morales-Chanard écrit sur le blog Pocket Zeitgeist, où il s’intéresse aux tendances artistiques, sociétales, économiques et technologique.

Il s’est passé quelque chose de bizarre la semaine dernière. Je m’explique :

• Mercredi 9, les Strokes ont sorti Under Cover of Darkness leur premier morceau en cinq ans, sans que rien n’ait filtré jusque là sur Internet, mis à part un extrait de quelques secondes uploadé “par erreur” quelques jours plus tôt. Les blogs musicaux les plus pointus ont salué ce “retour aux formes” et Under Cover of Darkness est toujours #1 du classement Hype Machine. D’après le label français du groupe, le single aurait été téléchargé 80 000 fois au niveau mondial un jour après sa mise en ligne. La France était le quatrième territoire en termes de volume de téléchargement.

• Vendredi 11, Lady Gaga a dévoilé Born This Way, premier single de son prochain album à paraître en mai. De même, aucun extrait n’avait circulé sur Internet, si ce n’est une version a cappella du refrain chantée lors des MTV VMAs, en septembre. En vente en téléchargement légal à partir de 15h, Born This Way est entré en tête des ventes iTunes dans 23 pays. Le titre s’est d’ailleurs écoulé à 60 000 exemplaires en 34 heures au Royaume-Uni, lui permettant de se classer directement numéro trois des charts, alors que le titre est maintenant premier des “midweeks”, le classement intermédiaire publié avant celui du dimanche. Sur le territoire américain, le titre est assuré d’obtenir la première place du Billboard avec près de 450 000 exemplaires écoulés en trois jours. Ces chiffres font de Born This Way le 4ème meilleur démarrage digital de tous les temps (avec bien moins d’une semaine de disponibilité). En France, où le marché digital est bien moins dynamique que chez nos voisins anglo-saxons, le single affichait dimanche soir 11950 ventes (date de cloture du classement de la semaine) et en cumulait 16 000 lundi soir. De quoi en faire un numéro 1, de loin.

Ça ne vous frappe pas? Deux événements musicaux majeurs qui, à deux jours d’intervalle, reposaient sur les mêmes principes de secret et d’attente. Deux événements qui semblent avoir réappris (temporairement) la patience aux twittersphère et blogosphère.

Je me souviens du battage que faisaient encore les radios il n’y a pas si longtemps, lorsque Madonna sortait un nouveau single. Pour American Life (lancé en avril 2003… j’étais en seconde aha), les animateurs d’Europe 2 avaient attendu, fébriles, minuit pile pour diffuser officiellement le morceau! Depuis quelques années, une telle situation est juste inimaginable. Les premiers extraits de disque fuitent plusieurs mois à l’avance pour se retrouver sur tous les bons blogs musicaux, et les albums complets sont téléchargeables en fichier .rar en excellente qualité avant même d’être sur iTunes!

A cet égard, les sorties en parallèle des singles des Strokes et de Lady Gaga apparaissent comme des anachronismes. Comment ces artistes ont-ils pu imposer un embargo sur leur musique? Et surtout, comment Internet, ce gamin turbulent, a-t-il pu jouer le jeu?

De manière intuitive, je dirais tout d’abord qu’il ne s’agit pas de n’importe quels artistes. Inutile de présenter Lady Gaga, apparition pop portée aux nues aussi bien par le grand public que les critiques les plus snobs, en passant par les stylistes et les marketeurs. Inutile, également, de présenter les Strokes, a.k.a «le groupe le plus cool du monde», grâce auquel (ou à cause duquel) nous sommes tous encore en train de porter des slims à ce jour. Ce sont des artistes qui ont un poids culturel rare, ce qui leur permet d’imposer leurs conditions à la communauté musicale en ligne.

Mais il ne suffit pas d’être auréolé de hype pour se faire respecter par les twittos, bien au au contraire. La hype se crée et s’entretient. C’est ce que s’est employé à faire Julian Casablancas sur son compte Twitter en révélant au compte-gouttes des détails sur un album sans cesse repoussé depuis trois ans… tout en prenant soin de brouiller les pistes en postant de fausses pochettes de disque aussi immondes que vraisemblables lorsqu’on connaît le goût des Strokes pour le kitsch (cf. la vraie pochette ci-dessus).

De son côté, Lady Gaga a passé les derniers mois à faire monter la sauce au sujet de son deuxième album, annoncé comme «le meilleur de la décennie» (tranquille). Par ailleurs, “Mother monster” maîtrise parfaitement les rouages du buzz sur Twitter en poussant la création de hashtags à sa gloire ou à celle de son single. Et surtout, elle a pris tout le monde de court en avançant la date de sortie du morceau, qui devait être révélé lors des Grammy Awards, de deux jours. Suffisant pour créer un sentiment d’urgence et exciter un peu plus Twitter et, a fortiori, n’importe quel amateur de pop culture.

On voit donc qu’imposer ses conditions au web n’est pas donné à tout le monde, et qu’il faut savoir s’y prendre… Mais on voit surtout qu’étonnamment, cela reste possible!

J’ai l’impression de me répéter mais c’est un fait : le web a achevé de changer notre rapport aux sources traditionnelles de légitimité. Les artistes, qu’ils soient musiciens, cinéastes, plasticiens, etc. ne maîtrisent plus la diffusion de leurs propres œuvres. Les marques peuvent à tout moment perdre le contrôle de leur image et faire l’objet de lynchages 2.0, comme BP (détournement de pub, de compte Twitter) ou Gap (parodie de logos). Les gouvernements eux-mêmes ne peuvent plus prétendre gérer à 100% leur communication avec la montée en puissance du modèle Wikileaks.

Et pourtant, l’exemple des Strokes et de Lady Gaga montre qu’une source traditionnelle de légitimité peut encore prendre la main sur le web, à condition que cela soit bien fait. De quoi redonner espoir à ceux qui se lamentent de l’effet parfois destructeur (je préfère dire “déconstructeur” mais bon) d’Internet sur la communication, et faire naître quelques craintes chez les tenants du “tout ouvert”. A moins qu’il ne s’agisse d’épiphénomènes, d’exceptions qui confirment la règle…

Qu’en pensez-vous?

PS : Dans le genre “je suis une mégamarque et je sais tenir tête aux réseaux sociaux”, cet exemple est aussi très intéressant.

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Hadopi vs CNIL: l’une chante, l’autre pas http://owni.fr/2011/02/03/hadopi-vs-cnil-lune-chante-lautre-pas/ http://owni.fr/2011/02/03/hadopi-vs-cnil-lune-chante-lautre-pas/#comments Thu, 03 Feb 2011 17:00:37 +0000 Jean Marc Manach http://owni.fr/?p=45197 Créée en 1978, la CNIL fut la toute première autorité administrative indépendante (AAI), du nom donné à ces organismes administratifs qui agissent au nom de l’État et disposent d’un réel pouvoir, sans pour autant relever de l’autorité du gouvernement. En 1978, son budget était de 7 millions de francs, soit un peu plus d’1 millions d’euros.

Et il lui aura fallu attendre 32 ans pour arriver à obtenir du gouvernement un budget supérieur à 13 millions d’euros (13,1 en 2009, 14, 7 en 2010 (.pdf)).

La Hadopi, dernière AAI à avoir été créée, dispose quant à elle d’un “budget primitif” de 13,8 millions d’euros (.pdf) en 2011, après avoir été dotée, à sa création l’an passé, d’un budget de 10,6 millions d’euros.

La Hadopi, qui employait 40 personnes en décembre (qui nous a déclaré en employer 48 en janvier, et qui espère en employer 60 en 2011), compte pourtant trois fois moins de salariés que la CNIL, dont les effectifs sont passés de 58 agents en l’an 2000 à 80 en 2004 (.pdf), et 153 en 2010 (.pdf).

Dans l’attente du décret fixant le montant du traitement de Marie-Françoise Marais, la présidente de la Hadopi (qui est également Conseillère à la Cour de cassation, vice-présidente du Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique -CSPLA-, Présidente de la Commission nationale des inventions de salariés -CNIS- et membre de la commission d’examen des pratiques commerciales -CEPC), on se reportera aux rémunérations (.pdf) des présidents de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE, 81 096 euros bruts annuels, plus un téléphone portable), de l’Autorité de la concurrence (183 486, plus une voiture avec chauffeur), de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP, 184 292, plus une voiture de fonction), du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA, 184 964) ou encore de l’Autorité des marchés financiers (AMF, 302 986).

En tant que président de la CNIL (il est aussi sénateur), Alex Türk touche quant à lui une indemnité forfaitaire mensuelle de 3 250 euros, soit 39 000 euros bruts annuels (.pdf). Mais un récent rapport de la Cour des comptes, révélé par Le Monde, a déploré qu’il ait pris “l’initiative de s’attribuer, en supplément, des indemnités forfaitaires par séance ainsi que des vacations qui ont représenté un montant moyen de 1800 euros par mois“, le sommant de rembourser 51 000 euros d’indemnités trop-perçues, ce qu’il a fait dans la foulée.

Les conseillers de la Cour des comptes ont par ailleurs estimé que le salaire de 9 600 euros net par mois de Yann Padova, le secrétaire général de la CNIL, “excède notablement celui auquel il peut prétendre“, ce à quoi Padova a rétorqué que ses collègues du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), de la Halde ou du Médiateur gagnaient entre 9.400 et 11.500 euros par mois. Le salaire d’Eric Walter, le secrétaire général de la Hadopi, n’a pas encore été rendu public. Tout juste sait-on qu’il “ne pourra excéder un montant annuel brut de 180 000 euros” (soit 138 600 net, ou 11 550 €/mois).

Toujours en terme de salaires, la rémunération la plus importante s’élève à 36 000 euros annuel à la Hadopi, quand la rémunération des cinq personnels de direction les mieux payés est de 466 137 euros, soit en moyenne 93 227 euros annuel pour chacun en 2009 à la CNIL (source .pdf).

Quand la Hadopi souligne sa propre inefficacité

Le meilleur est pour la fin. L’étude qu’a effectué la Hadopi sur les usages des internautes françaises révèle en effet que “49% des internautes déclarent des usages illicites“.

Or, on ne dénombrait que 18% d’internautes pirates en 2008, et 30% en 2009. Autrement dit, les internautes consomment plus de biens culturels “de manière illicite” depuis que la Hadopi existe… Un comble.

La Hadopi se donne pourtant grand mal : fin 2010, elle avait en effet envoyé pas moins de 70 000 emails d’avertissement, rapporte Marc Rees sur PCInpact. Les ayant-droits, de leur côté, lui envoient 70 000 saisines “par jour“. La Hadopi s’est donc fixée un cap de 10 000 avertissements “chaque jour” à la fin du premier trimestre 2010, sachant qu’à la fin de l’année, elle “n’aura plus de limite“, et pourra donc en envoyer 20, 30 ou 100 000…

Récemment, PCInpact révélait que la Sacem avait, à ce jour, transmis à la Hadopi 2,2 millions d’”incidents” identifiés par la société Trident Media Guard (TMG) chargée de traquer les utilisateurs des réseaux P2P. Ce à quoi il convient de rajouter les autres “incidents” repérés par TMG pour le compte des quatre autres ayant-droits. Chacun d’entre-eux ayant le droit d’envoyer 25 000 PV par jour à la Hadopi, ce sont donc pas moins de 125 000 avertissements qui, potentiellement, pourraient être envoyés quotidiennement…

A 32 ans, la CNIL peine encore à sévir

Tout aussi récemment, une étude révélait par ailleurs que 82 % des entreprises et administrations ne respectaient pas la loi informatique et libertés, 32 ans après son adoption.

Si la CNIL compte trois fois plus de salariés que la Hadopi, elle n’a, de son côté, effectué que 300 contrôles l’an passé, contre une trentaine seulement (.pdf) en 2001.

De 2005 à 2010, la CNIL a adressé 25 avertissements (.pdf), ainsi que 61 sanctions dont 41 adoptées avec publicité, soit sur son propre site, soit sur Legifrance. 34 de ces sanctions étaient pécuniaires, pour un montant moyen de 15 000 euros.

A la CNIL, le service des sanctions est composé de deux juristes, d’une assistante et de plusieurs stagiaires, le service des plaintes comprend 13 personnes, et le service des contrôles 12 personnes. La Hadopi, elle, emploie, en plus des trois membres de la Commission de protection des droits, 12 agents dédiés uniquement à la gestion des demandes d’identification et de l’envoi des courriers recommandés. En 2011, ils seront 24.

Nous avons donc d’un côté une autorité qui veut obliger les internautes à devenir leurs propres Big Brother, qui paie une entreprise privée pour les placer sous cybersurveillance, afin de constituer un fichier de délinquants présumés, qui renverse la charge de la preuve de sorte qu’il sera impossible de prouver son innocence en cas d’erreur… et qui, à peine lancée, explique benoîtement qu’il y a plus de pirates aujourd’hui qu’avant sa création.

De l’autre, nous avons une autre autorité, garante de nos droits informatique et libertés mais qui, 32 ans après sa création, peine toujours à faire respecter la loi, alors même que le gouvernement cherche à la décapiter, et à lui couper les vivres.

Et si, plutôt que de continuer à inciter les gens à consommer illégalement en gaspillant de l’argent dans la Hadopi, on transférait son budget à la CNIL, afin d’aider ceux qui nous mettent dans leurs fichiers à respecter notre vie privée ?

En attendant, vous pouvez aussi télécharger le poster qui suit, par Marion Boucharlat, et qui résume ce duel de Titans :

Illustration CC DuneChaser.

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http://owni.fr/2011/02/03/hadopi-vs-cnil-lune-chante-lautre-pas/feed/ 24
Google vs. music http://owni.fr/2011/02/02/google-vs-music/ http://owni.fr/2011/02/02/google-vs-music/#comments Wed, 02 Feb 2011 09:38:03 +0000 Music Ally http://owni.fr/?p=30064 Cet article fait partie d’une série publié sur le site Music Ally, et disponible ici.

La relation de Google avec l’industrie musicale est la définition même de “meilleur ennemi”. Avec YouTube et Vevo, la firme de Mountain View est devenu un partenaire incontournable des labels, mais a chuté particulièrement brutalement avec GEMA (société de gestion collective en allemagne). Son attitude à l’égard du copyright a été le principal point d’achoppement, du moins jusqu’à l’annonce surprise de décembre.

La situation de Google est un peu particulière : l’entreprise possède la plus grosse plateforme de consommation de musique au monde (YouTube), mais c’est aussi le plus gros répertoire de musique illégalement téléchargeable au monde. L’entreprise a lancé en Chine un service de téléchargement anti-piratage financé par la pub, alors que son service AdSense affiche régulièrement de la publicité pour des sites pirates. Oh, est-ce que nous avons mentionné le fait qu’ils voulaient lancer un service de stockage de fichiers ‘dans les nuages’.

YouTube reste en désaccord avec GEMA et plusieurs artistes en Allemagne, même si il a résolu son différend avec PRS Music en Grande-Bretagne. Son procès pour violation de copyright contre Viacom était un rappel salutaire du chemin parcouru depuis son rachat par Google : son système ContentID a aidé avec succès les labels à gagner de l’argent avec les contenus uploadés par des utilisateurs tiers, même si les éditeurs se sont plaints de la manière dont Google reconnaissait les ayant-droits dans ce domaine.

D’une certaine manière, beaucoup des problèmes historiques entre Google et l’industrie de la musique se résument à un choc des cultures, incarné cette année par un tweet de Nikesh Arora, cadre de Google : “Je vais discuter avec l’industrie musicale britannique cette semaine. Des idées sur des choses à propos desquelles je dois les éclairer ?” Cela n’a pas aidé Google à changer la manière dont il est perçu : arrogant et pas assez inquiet des problèmes des ayant-droits.

C’est pourquoi l’annonce récente sur les infractions au copyright est si importante, sans parler du fait que certains corps de l’industrie musicale – notamment le BPI – s’inquiètent que Google n’aille pas assez loin.

L’entreprise s’est efforcée de simplifier son formulaire de retrait de contenu, d’améliorer sa fonction ‘Suggestion’ afin que les utilisateurs ne soient pas incités à rajouter ‘torrent’ ou d’autres termes associés au piratage à leurs recherches et de travailler avec des services de musique légaux pour offrir des extraits gratuit au sein des résultats de recherche.

Ce que Google ne fait pas, c’est de retirer automatiquement les sites contrevenants de ses résultats de recherche, en tout cas pas sans une demande de retrait. C’est ce qui a provoqué la colère de BPI, faisant dire à son patron Geoff Taylor que Google “ignorait le coeur du problème – et que sa recherche dirigeait une écrasante majorité de consommateurs à la recherche de musique ou d’autres divertissements numériques vers des sites illégaux”.

Cependant, d’autres actionnaires ont confié à Music Ally que les progrès de Google correspondaient à leurs attentes en matière de changement dans ses services. Le point important, c’est que Google a écouté l’industrie et a évolué sur la plupart de ses sujets d’inquiétude. De manière assez peu surprenante, étant donné que Google est simultanément en négociation avec des ayant-droits en vue de lancer son propre service musical, ce qui requiert autant de bonne volonté que possible, étant donné également ses propositions de stockage ‘dans les nuages’.

Si 2010 était l’année du “processus d’écoute”, 2011 sera celle où Google Music pourra peut-être prouver qu’il peut faire une différence pour l’industrie de la musique – comme l’espère Edgar Bronfman Jr de WMG, à en juger des commentaires sur ses derniers résultats trimestriels. Le lancement en décembre de Google eBooks fournit une preuve limpide de l’ambition de l’entreprise : un service qui permet aux gens d’acheter des e-books et de les lire sur différentes plateformes, appareils ou navigateurs.

L’histoire de iTunes a rendu les ayant-droits méfiants vis-à-vis des entreprises hi-tech qui leur promettent de révolutionner leur business, mais cela les pousse également à encourager la concurrence d’iTunes dans l’écosystème de la musique. Google pourrait faire l’affaire : c’est pourquoi 2011 pourrait voir l’industrie musicale surveiller de très près son meilleur ennemi.

Article initialement publié sur Music Ally et traduit par Martin Untersinger.

Crédits photos CC FlickR Lars Plougman, Sonicbloom, dullhunk

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Artistes: donner votre album a du bon http://owni.fr/2011/01/14/artistes-donner-votre-album-a-du-bon/ http://owni.fr/2011/01/14/artistes-donner-votre-album-a-du-bon/#comments Fri, 14 Jan 2011 14:42:33 +0000 Jim Grobecker http://owni.fr/?p=29566 Jim Grobecker développe des stratégies marketing pour des artistes et des marques. Il possède son propre site et publie également sur Music Think Tank.

C’est un fait : tout le monde télécharge de la musique gratuitement.

Sean Parker, connu pour être l’un des fondateurs de Napster a récemment affirmé dans une interview si l’on “regarde les chiffres, c’est entre 4 et 10 milliards de titres qui sont téléchargés illégalement chaque année, contre environ 4 milliards de téléchargements légaux”.

La musique sera toujours présente sur les plateformes de partage de fichiers et les internautes continueront à télécharger de la musique gratuitement, mais pour les artistes, enregistrer est encore plus important qu’avant. Les contenus enregistrés ont une nouvelle raison d’être. En effet, ils ne seront plus une source de revenu directe pour les artistes, mais serviront aux consommateurs de point d’entrée dans la “marque”. Les revenus seront générés par les produits dérivés ou les places de concerts, ou encore par le biais de partenariats avec des marques cherchant à s’associer avec des artistes pour relayer leurs valeurs. La solution au problème du partage de fichiers passe par une meilleur gestion de leurs enregistrements de la part des artistes en créant par exemple sur leur site web une page d’entrée (ou landing page) dédiée à l’hébergement des fichiers en téléchargement.

Votre landing page vous veut du bien.

De nombreux facteurs définissent la manière dont les sites apparaissent dans les moteurs de recherche comme Google ou Bing. Jetons un œil aux facteurs de classement les plus importants qui asseyent l’autorité d’un site (classement basé sur le nombre de liens pointant vers votre site et sur la qualité de ceux ci), afin de souligner l’importance d’avoir une landing page contenant un lien de téléchargement gratuit :

- Les liens entrants : mènent vers votre site depuis d’autres blogs ou sites. Ces liens sont garants de l’utilité et la réelle valeur de votre contenu.  SEOmoz, leader dans le domaine du marketing en ligne et des algorithmes de classement, affirme que dans  24% des cas, le référencement provient de la notoriété globale du domaine, 22%  de la popularité du lien sur la page qui renvoie vers votre site, et 20% du texte utilisé dans ce lien. Les liens représentent donc 66% de la capacité d’un site à apparaître das les résultats d’une recherche.

Exemple : Wikipedia.org apparaît souvent très haut dans les résultats de recherche. Selon le site Yahoo Site Explorer, qui répertorie le nombre de liens d’un site, Wikipedia a plus de 8,2 millions de liens, qui plus est de sources très reconnues. C’est pourquoi Wikipedia apparaît dans les premiers résultats de recherche.

- Mots-clés : ce sont les termes que l’on utilise pour améliorer le référencement en les incluant dans le titre de la page d’entrée, l’url ou partout ailleurs sur la page. Les mots-clé correspondent à 15% environ des algorithmes de référencement. Gardez à l’esprit que même les mots-clés n’ont pas la même valeur que les liens, vous pouvez les contrôler plus facilement que les liens entrants.

Exemple : tapez “Rival Schools Torrent” dans Google et vous verrez que le premier résultat est un lien vers la landing page Piratebay.org. Elle contient les mots “Rival School” dans son titre ainsi que dans l’url ce qui a une incidence sur le référencement de cette page pour cette recherche en particulier.

Les réseaux de partage de fichiers contrôlent les liens de téléchargement gratuit.

Les internautes sont à la recherchent de musique gratuite sur la toile, ce qui bénéficie pour le moment aux sites de partage de fichiers. Il y a 6,2 millions de liens vers Piratebay.org, 6,4 millions pour Isohunt.com, 2 millions pour Utorrent.com et 3,8 millions pour Mininova.org. Ces liens sont attachés à des noms d’artistes et d’albums qui sont des mots clé que les internautes utilisent pour trouver de la musique en ligne. Pour cette raison, les sites de partages de fichiers sont souvent mieux classés dans les recherches que les sites des artistes eux-mêmes. Il suffit d’une fois pour convertir un fans au téléchargement illégal.

Comment capitaliser sur le partage de fichier contrôlé par les artistes ?

Lorsqu’un artiste crée une landing page dédiée contenant un album en téléchargement gratuit, les meilleurs sont souvent linkés. Plus les artistes seront linkés, plus ils supplanteront les sites de file sharing dans les moteurs de recherche et au final détourneront le trafic de ces sites. C’est le principe du file sharing contrôlé par les artistes, qui bénéficie directement aux artistes individuellement. Prenons un exemple :
Girl Talk, aka Gregg Gillis a sorti un nouvel album intitulé “All Day le 15 novembre dernier sur le label Illegal Art en tenant compte de ces concepts. Le disque était gratuit et hébergé sur une landing page, donnant ainsi 4 informations intéressantes:

1. Girl Talk s’est fait linker 14903 fois. Liens qui, sans landing page, auraient orienté vers les sites de file sharing. Le site de Girl Talk a été mentionné par des sites de référence comme Mashable.com et MTV.com, bénéficiant ainsi d’un meilleur référencement.

2. Hausse considérable du trafic le mois de la sortie. En regardant les statistiques grâce à Compete.com, on observe qu’entre mai et octobre, le site avait reçu 3025 visiteurs uniques. Pour le seul mois de novembre, on est passé à 211 111 VU.

3. Lorsque l’on tape “Girl Talk Download” dans Google, la landing page de GT arrive devant les sites de file sharing dans le résultats de recherche. Cela montre que le recours à ces sites devient inutile. C’est exactement comme ça que les artistes devraient utiliser le partage de fichier.

4. Les références à Girl Talk sur les réseaux sociaux ont explosé durant la semaine de sortie de l’album. La semaine du 15 au 22 novembre 2010, on compte 18,5 million de mentions sur Facebook et Twitter, contre 15 tweets la semaine précédente. Ces mentions on développé la “marque”  et encouragé les liens vers le site de l’artiste.

Optimisez votre landing page.

Il est clair qu’un album en téléchargement gratuit attirera les liens et les nouveaux visiteurs. Une landing page bien pensée transformera ces visiteurs en consommateurs. Faites en sorte que cette page soit une meilleure expérience pour l’internaute que les sites de partage de fichiers. Gardez à l’esprit que tout le monde n’attend pas la même chose d’un site web. Chaque visiteur est à un stade différent du processus d’achat. Certains connaissent déjà bien la musique et la “marque”, d’autres non. Considérez le processus d’achat comme un entonnoir. Le contenu enregistré est la partie haute de l’entonnoir, et constitue le point d’entrée dans le cycle d’achat et la marque de l’atiste. Une fois dans l’entonnoir vous devez guider le consommateur jusqu’en bas, jusqu’à la vente.

Les visiteurs qui viennent pour la première fois voudront découvrir l’album. Proposez un formulaire d’inscription à une newsletter, des liens vers vos profils sur les différents sociaux (ShareThis propose un tas de très bons plugins et de boutons personnalisables). Cela permettra à vos consommateurs de rester en contact avec vous et de revenir à la landing page lorsqu’ils seront prêts à passer à l’achat. Pour ces visiteurs “revenants” qui sont tombés amoureux de votre musique, il existe une immense opportunité de vendre du merch, des places de concert, et des coffrets exclusifs réservés aux super-fans. Tout cela doit se trouver sur la landing page. De la bonne musique vous permettra de vendre des produits dérivés.

Enfin, optimisez votre landing page en y plaçant des mots-clé spécifiques pour apparaître correctement dans les recherches. Faites une recherche avec “Google Keyword Tool” (assurez vous que vous avez coché l’option “exact match”). Lorsque vous ajoutez des mots clés sur votre site, mettez vous dans la tête d’un consommateur potentiel à la recherche de nouvelle musique. Essayez de voir à quel niveau de résultat arrive la recherche “votre nom torrent”. Le mot-clé “torrent” fait l’objet d’environ 151 millions de recherches chaque mois. C’est comme ça que les gens cherchent de la musique sur Internet.

Est ce que le fait de vendre 10€ un album qui de toutes façons se retrouvera sur les sites de file sharing a plus de poids que de l’offrir sur le site de l’artiste, générant ainsi un grand nombre de liens vers ce site ainsi que de meilleurs résultats de recherche, des ventes de merch, de places de concert et une présence en ligne plus efficace et durable ? Le partage de fichiers a déjà changé le paysage musical. C’est maintenant aux artistes de changer le paysage du file sharing.

Article initialement publié sur Music Think Tank

Traduction : Loïc Dumoulin-Richet

Crédits photos : FlickR CC Carlos-maya, niklaswikstrom, randradas

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Quand Napster se faisait hacker http://owni.fr/2011/01/04/quand-napster-se-faisait-hacker/ http://owni.fr/2011/01/04/quand-napster-se-faisait-hacker/#comments Tue, 04 Jan 2011 15:21:36 +0000 Ellis Jones - Vice http://owni.fr/?p=29258 John Fix et Taylor Stewart, deux personnages qui ont fait parler d’eux lors de la période Napster ont été interviewés par Ellis Jones. L’un et l’autre se sont fait connaître pour des utilisations différentes du service. Cette plateforme est mise en ligne en 1999 et “à l’époque”, cela a fait un drôle d’effet. Nous avons le plaisir de  reproduire ces témoignages initialement publié dans le magazine Vice.

Napster 1.0 était un des meilleurs trucs qui soit arrivé à Internet. Ce n’était pas qu’un site de partage de fichiers sur lequel des préados allaient piquer des morceaux de Snoop Dogg. Ça ressemblait plus à un énorme souk où n’importe qui pouvait trouver n’importe quel genre de musique jamais créée. Dans les mois qui suivirent son lancement à l’été 1999, des millions d’utilisateurs autour du monde téléchargeaient des joyaux qu’on ne pouvait pas trouver ailleurs. Même les ethnomusicologues tapaient l’adresse du site pour trouver des enregistrements jusque-là disparus. Pour les fans et les chercheurs, Napster était le seul portail à proposer les sorties de labels légendaires comme Folkways et Melodiya. Et non seulement c’était accessible, mais en plus c’était super rapide.

Évidemment, les mecs des maisons de disques et les stars de la musique se chiaient dessus. Pour eux, Napster était le diable incarné parce qu’il leur faisait potentiellement perdre du fric. Ils ont utilisé cette peur et ont finalement été le catalyseur de la chute de Napster. Mais avant cette disparition, quelques individus et artistes partageaient un avis ambivalent sur la chose : certes, Napster encourageait le piratage, mais ça leur donnait l’occasion de s’asseoir et de débattre de l’avenir de l’industrie musicale, des nouvelles technologies et de la façon dont notre génération les appréhendait. Dix ans plus tard, bien après la tempête, on a retrouvé certains de ses instigateurs – John Fix, le responsable des fameux «œufs de coucou » sur Napster, et Tyler Stewart, le batteur des, hum, Barenaked Ladies.

Il y a dix ans, ton frère Michael et toi avez pondu les « œufs de coucou » – des téléchargements piégés – dans Napster. Il s’agissait de morceaux détournés auxquels vous donniez des titres de morceaux connus, et les gens les téléchargeaient sans le savoir. Vous êtes devenus un peu connus, CNN et le New York Times vous ont interviewés. Mais aucun de vous deux n’était artiste ou ne travaillait dans l’industrie musicale. Qu’est-ce qui vous a pris de saboter Napster ?

John Fix : Quand Napster est sorti, je l’ai téléchargé direct, mais mon frère était moins enthousiaste. Il était marié à une meuf, Stephanie, qui essayait de vivre de sa musique. Napster les emmerdait parce que les artistes n’étaient plus rétribués à travers la distribution de leurs chansons. Elle nous faisait : « Hé, je me lance enfin et l’industrie musicale s’effondre ? »

Tu partageais ces sentiments ? Le fait que Napster n’était pas qu’un simple site de partage de musique mais du piratage à une échelle mondiale ?

Bah… J’étais partagé. Pour moi, oui, il fallait trouver un moyen de rétribuer les artistes, mais la technologie progressait tellement vite à l’époque que j’ai vite compris qu’il allait falloir s’adapter. Un de mes problèmes avec Napster c’est qu’on pouvait trouver huit versions différentes d’un morceau et la qualité variait du tout au tout – certaines versions ne correspondaient même pas au bon morceau !

Les gens téléchargeaient tellement de fichiers d’un coup qu’ils ne prenaient même pas le temps de les écouter. Alors je me suis dit que ça pouvait être un bon moyen de refiler les morceaux que faisait Stephanie : en prenant une de ses chansons et en la renommant avec un titre qui pourrait avoir du succès sur Napster, genre « American Skin (41 Shots) » de Springsteen.

Mais sur votre site, vous disiez que vous faisiez de l’hacktivisme. Est-ce qu’il y avait pas une sorte de jubilation dans le fait de hacker un programme hyper répandu ?

C’est clair. J’étais allé au MIT pendant deux ans, alors je connaissais un peu. Et pour le hacking – dès lors qu’il s’agissait d’une blague débile et pas de piquer des cartes bleues – c’était super simple. Il ­suffisait de prendre une chanson, de la renommer comme tu voulais et c’est comme ça qu’elle apparaissait sur Napster.

Alors c’était quoi votre but ?

On n’avait rien de précis en tête. Je dirais qu’avant tout, ce qui me plaisait c’était le côté hacking, parce que c’était fun. Je crois que les motivations de Michael étaient beaucoup plus vastes. D’un côté, il voulait mettre fin à Napster, et de l’autre, il voulait promouvoir la musique de sa femme. Alors on est arrivés à un point où un tas de gens ont commencé à nous dire : « En fait vous vous en foutez de ­hacker Napster, ce qui vous intéresse c’est de faire la promo de Stephanie. » C’est là qu’on a commencé à prendre des morceaux connus en mettant du bruit au milieu, un son de coucou en boucle par exemple. Ça a tout changé. C’est à ce moment-là que le New York Times nous a contactés pour une interview. Avec tout ce qui se passait, on a compris qu’on avait besoin d’un site pour nous expliquer.

Votre site, il semble sortir tout droit de Matrix.

C’était un habillage par défaut et comme il avait l’air binaire, on l’a gardé.

Vous receviez des mails de haters ?

Bien sûr. On avait des mails de mecs qui étaient furieux et d’autres qui trouvaient ça amusant.

Vous précisez bien sur votre site que vous ne faisiez pas ça pour aider l’industrie musicale.

On essayait de trouver un moyen de filer de l’argent aux artistes, et les maisons de disques étaient ceux qui se goinfraient sur toute la marge.

Quelques années après nos histoires, un certain nombre de boîtes ont récupéré notre idée, en ont fait un modèle commercialisable et ont proposé leurs services aux maisons de disques. Ça nous a un peu fait tiquer.

Donc en créant ces œufs de coucou, vous avez involontairement aidé les maisons de disques. Ironie du sort, diront certains.

Eh ouais. Mais polluer les fichiers, ça ne fait que stimuler les hackers pour qu’ils créent de meilleurs programmes de partage. Mais aussi, en mettant autant d’argent dans la création de faux fichiers, les maisons de disques gaspillaient leur fric.

Vous en pensez quoi a posteriori ?

À l’époque on ne faisait que rajouter un peu de bruit dans le mix, et à un moment, on a lâché l’affaire. Mais je pourrais recommencer et cette fois je le ferais mieux. Je n’essayais pas tant de couler Napster que pointer du doigt ses défauts. En implantant ces œufs de coucou, j’espérais que les gens comprendraient que de temps en temps, bah, c’est pas mal de faire un tour dans les milliers de fichiers de ton disque dur. Et je pense que c’est le hacker en moi qui veut agir quand il réalise que l’utilisateur lambda ne comprend pas les conséquences de ce qu’il fait. Secundo, je pensais que faire ça permettrait aux gens d’en parler et de se demander : « Hé, mais l’artiste dans tout ça ? »

Jamais je ne comprendrais que quelqu’un se fasse arrêter ou même traîner devant la justice pour du partage de fichiers, mais j’ai toujours pensé qu’avec la création de Napster, on avait ouvert une boîte avariée.

La technologie allait si vite que je me suis dit que faire un peu de sabotage là-dedans ralentirait les choses, pousserait les gens à s’arrêter pour trouver une solution. Mais en fait ce n’était pas si difficile à réparer. Et maintenant, pour la première et dernière fois, Vice parle à un membre des Barenaked Ladies, qui ont l’air assez cool finalement.

Aux alentours de l’an 2000, ton groupe a sorti une série de téléchargements genre Trojan. Au lieu de choper ce qu’ils pensaient être votre dernier single en date, les gens téléchargeaient une pub pour Maroon, votre album à venir. Pourquoi ?

Tyler Stewart : En 2000 on avait signé avec une major, Reprise Records, et c’était leur idée. À l’époque on n’y connaissait pas grand-chose en partage peer-to-peer. Et franchement, on savait pas que ça allait être l’avenir de l’industrie musicale. Apparemment, les boîtes de disques non plus, et elles se sont fait choper au vol. À l’époque, en 2000 et fin des années 1990, c’était l’apogée de l’industrie musicale. Et on était en plein dedans. Après avoir fait des tournées pendant dix ans, on commençait à grossir. On a fini par y arriver, atteindre le ­million d’albums au moment où Napster a débarqué. Apparemment, le label a vu ça comme une menace.

Comme beaucoup d’artistes. Évidemment, Lars Ulrich de Metallica s’est fait le plus remarquer avec sa croisade contre Napster. Dr. Dre et d’autres ont suivi. Mais vous, vous n’essayiez pas nécessairement d’anéantir Napster ?

Non. Je crois qu’ils étaient furieux parce qu’ils n’avaient pas compris tous les enjeux. Les artistes ont plus de recul aujourd’hui, ils ont compris que les maisons de disques se battaient pour savoir qui vendrait le dernier CD. Elles se foutaient des artistes. Maintenant le CD est un format obsolète. Comment les majors ont fait pour ne pas le voir venir ? Ils doivent trouver un moyen de tirer de l’argent du peer-to-peer.

iTunes est un bon exemple de la manière dont ils ont géré la situation. Donc quand Reprise vous a proposé l’idée de faire des Trojan, ils vous ont donné l’opportunité de le faire vous-mêmes ?

Oui, on voulait que ce soit un gag. C’était une manière de rappeler gentiment « Hé ! C’est illégal ! » sans avoir à passer par le tribunal, avec la tonne de paperasse que ça entraîne, comme l’a fait Lars.

Quand Napster a démarré, la plupart des utilisateurs ne réalisaient pas que c’était du vol. Les collectionneurs et les amoureux de la musique ouvraient Napster et d’un coup toute la musique devenait disponible de chez toi.

Plus besoin d’aller dans une boutique où un vendeur hautain te prend de haut. Tu y étais. Je crois que la beauté et la facilité d’accès d’un truc comme Napster, c’était ça la révélation.

T’avais peur de te mettre les fans à dos ? Est-ce que c’est pour ça que le groupe a approché la chose de manière aussi badine ?

On était un peu sceptiques à l’idée de le faire, alors le faire de ­manière humoristique c’était une manière de se rassurer. Si tu étais fan des Barenaked Ladies, surtout à cette époque, tu pouvais t’attendre à quelque chose d’humoristique, d’un peu décalé. Nos fans réagissaient plutôt bien à ce genre de trucs en fait. Tes fans achèteront tes trucs de toute manière, ou ils les trouveront d’une façon ou d’une autre. Je ne pense pas qu’on les ait pris à revers.

Rétrospectivement, vous auriez fait les choses différemment ?

Non. Pour nous, ça faisait partie de la machine promotionnelle. C’est comme jouer gratos dans une radio ou faire des interviews. Je pense qu’on n’avait pas conscience que ça faisait partie d’un gros tournant sociologique dans la manière dont les gens voient le business ou écoutent de la musique. Aujourd’hui, l’industrie du disque est moribonde et j’en ai vraiment rien à foutre. Les gens achèteront de la musique s’ils sont passionnés. Ils dépenseront de l’argent. Faut juste trouver un moyen de continuer à intéresser tes fans. Et je pense que faciliter l’accès comme ça a été le cas avec Napster, c’est un moyen d’y parvenir. La vérité, c’est que les labels se voilaient la face.

Ils flippaient trop pour l’accepter.

Bah, c’était eux qui avaient le plus à perdre. Et ils ont perdu. Je pense qu’on peut dire que la guerre est finie. Un des trucs bien c’est que ceux qui restent dans le business – le cœur de l’équipe d’un label et les jeunes qui sont passionnés – sont ceux qui ont des idées. Le business doit être plein de penseurs d’avant-garde, des genres de mecs qui bossent dans des boutiques et qui arrivent à survivre avec plein d’idées innovantes et de nouvelles approches parce que les méthodes de papa sont has been. Pendant des années, les artistes ont souffert de se faire mettre par les labels.

Alors Napster, c’est un peu le « nique-toi » de cette génération à ­l’industrie musicale.

Que les artistes l’aient compris ou pas à l’époque, ça a été un truc bénéfique. Je comprends que certains l’aient perçu comme une ­menace. Mais, au final, ça a détruit l’intégralité d’un système qui avait exploité la majorité des artistes. Faut le voir comme ça. Il faut trouver de nouvelles manières de faire, et il y aura de nouvelles manières de faire. C’est comme ça que je le vois. Et les mecs qui ont lancé Napster, et les geeks qui ont inventé le peer-to-peer, ce sont eux le futur. C’est à nous de trouver, en tant qu’artistes, de nouvelles façons de l’utiliser à notre avantage sans chercher à le détruire.

Article initialement publié sur: viceland

Crédit photos CC flickr: keso; Bethany L King; freefotouk

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Comment et quand mettre sa musique à disposition http://owni.fr/2010/12/16/comment-et-quand-mettre-sa-musique-a-disposition/ http://owni.fr/2010/12/16/comment-et-quand-mettre-sa-musique-a-disposition/#comments Thu, 16 Dec 2010 09:53:57 +0000 Toc-Arts http://owni.fr/?p=28852 Ce billet, rédigé par Liliou pour le site Toc-Arts prouve que certains principes d’hier valent encore aujourd’hui. Il a écrit, en tant que musicien, passionné par les nouveaux usages liés au web, sur ses expériences et ses observations.

Je l’ai dit et redit : barricader sa musique ne sert à rien, internet est un réseau et une musique écoutable est toujours copiable d’une manière ou d’une autre. D’autre part, le “pire-ratage” pour les artistes ce n’est-il pas d’être ignoré ? Donc plutôt que de lutter contre la copie, mieux vaut l’utiliser.  Nous allons réfléchir ici à quelques stratégies pour mettre sa musique en téléchargement et la diffuser de façon intelligente.

Où mettre sa musique en téléchargement ?

Il faut que vous soyez là où votre public est déjà:

plateformes d’écoute en ligne: itunes, jamendo, last.fm, deezer, spotify, soundcloud. Ce sont des lieux dédiés à l’écoute de musique. Il y a beaucoup de choix et cela peut être dur d’être repéré, mais c’est quand même important d’être présent pour vous donner une chance d’être écouté.

réseaux sociaux: myspace, facebook, skyblogs, twitter… Ce sont des lieux de passage, de discussion et de détente importants, comme les cafés en ville. Vous pouvez toucher beaucoup de gens ici. Mais comportez vous de manière sociale. Il ne vous viendrait pas à l’idée de rentrer dans un café et de bombarder aveuglément tout le monde avec vos prospectus ou de leur crier dans les oreilles que votre musique est la meilleure. Comme dans la vie réelle, repérez les personnes les plus susceptibles d’être intéressées et/ou de relayer vos infos, puis engagez la discussion.

réseaux p2p: BitTorrent, Emule, … ce sont des lieux ou les gens téléchargent de la musique. Cela peut donc être intéressant d’y être et d’y placer certains morceaux. L’écrivain Paolo Coehlo s’est piraté lui même avec un certain succès. N’oubliez pas de mettre des infos sur le groupe et un lien vers le site dans la description du fichiers et aussi dans l’archive contenant la musique, ça permettra aux gens de revenir vers vous plus facilement.

site de partage de vidéos: youtube, dailymotion. Un autre endroit populaire et de rencontre que de plus en plus de gens utilisent. En plus le fait d’avoir des images ou vidéos apporte un plus à la musique. Pas besoin d’avoir forcement une vidéo hyper léchée (vous pouvez faire un diaporama ou mettre une vidéo de concert) mais attention par contre à avoir un son correct, sinon vous ferez fuir tout le monde. Essayez surtout d’être originaux (Voir des conseils pour créer une vidéo virale).

sites de diffuseurs: les blogueurs, … ils sont intéressés par la musique et veulent vous aider à diffuser la votre. Il y a aussi de nombreux blogueurs qui partagent leurs goûts en ligne. Repérez les prescripteurs qui sont susceptibles d’être intéressés par votre son et envoyez leur un message personnalisé (et non un copier/collé) avec un moyen d’écouter votre musique. S’ils aiment ils vous feront beaucoup de promotion !

web radios: une piste que je n’ai jamais explorée, mais je pense qu’il doit y avoir un filon ici: démarcher des webradios et leur proposer de découvrir votre musique pour qu’elles la diffuse. Certaines webradios ont des auditeurs très fidèles et très à l’affût de nouveautés.

votre site web / blog: le point central de votre stratégie de diffusion. Votre musique doit être absolument facile à écouter (et éventuellement à télécharger). Ça semble évident, mais de nombreux sites de musiciens ne proposent pas ou peu de musique à écouter. Pour avoir souvent galéré à chercher à écouter des morceaux sur des sites d’artistes, il m’arrive maintenant de chercher directement le myspace d’un artiste pour être sur de pouvoir écouter sa musique sans tourner en rond. Choisissez une solution qui fonctionne sur la plupart des navigateurs et ne nécessite pas de plugins spéciaux pour écouter.

dans la salle de concert: proposez aux gens de repartir d’un avec un ou plusieurs de vos morceaux de l’album ou bien de l’enregistrement du live sur leur clé USB. Ils viennent d’entendre la musique, ils ont aimé, si vous leur donnez du matériel, il y a de grandes chances qu’ils continuent à la faire tourner sur leur platines chez eux, la fassent découvrir à leur entourage et continuent à danser .

Quelles stratégies pour la diffusion ?

Je trouve dommage de surprotéger sa musique, autant je trouve aussi dommage de mettre sa musique en téléchargement sans réfléchir avant à une façon de le faire. Il y a pour moi deux idées clés à garder en tête dans une stratégie de diffusion:

La première idée, c’est de tout faire pour faciliter l’appropriation et la diffusion de votre musique par vos fans. Les gens qui vous aiment peuvent et veulent vous aider de multiples façons. Aidez les à vous aider.

La deuxième idée, c’est d’être en contact avec vos fans, parler, écouter, discuter, échanger. Comme vous, ce sont des êtres humains qui aime discuter avec ceux qu’ils apprécient et avoir des nouvelles de temps en temps. Arrêtez le monologue, soyez à l’écoute et engagez une vraie discussion. Vous serez étonné de toutes les choses intéressantes que vous découvrirez.

Quelles stratégies pour mettre de la musique en téléchargement ?

simple téléchargement libre: le plus simple, les gens écoutent en ligne ou téléchargent. Le format doit être mp3 (universel) mais vous pouvez aussi proposer une qualité supérieure (formats wave ou ogg). Les gens prennent, peuvent copier sur leurs baladeurs mp3, téléphones et échanger avec leurs amis.

téléchargement après inscription: vous demandez aux gens qui téléchargent leur contact et quelques informations avant de les laisser télécharger. C’est ce que fait Nine Inch Nails. Cela permet de se constituer un carnet d’adresses important et d’annoncer ses nouveautés (nouveaux morceaux, nouveaux concerts, …) à un public ciblé.

mettez des morceaux complets, pas des extraits: Un extrait est frustrant. Si on aime, on veut l’écouter jusqu’au bout et le partager. Une chanson complète aura des chances d’être copiée et donnée à des amis. En revanche il y a peu de chances qu’un extrait soit diffusé, car ça vaut rarement le coup.Même si vous ne voulez pas mettre beaucoup de musique en téléchargement, mettez au moins une chanson complète.

créer un widget pour promouvoir une diffusion virale: la musique est écoutable en ligne, les fans peuvent l’importer sur leurs pages, blogs, … et vous gardez le contrôle de la diffusion (choix des titres, ….). En outre vous pouvez rajouter d’autres médias, images, vidéos, news pour le rendre plus attrayant et plus utile (Pour en savoir plus sur l’utilité des widgets pour les artistes).

sortir des news à intervalles réguliers: rien de tel pour garder le contact, les fans savent à quoi s’attendre et reviennent vous voir, ne vous oublient pas. Rien de pire que de faire une grosse com’ puis de tous laisser tomber au bout de 3 mois sans donner de nouvelles. On revient une ou 2 fois sur le site, puis quand on voit que rien ne bouge, on se dit que le groupe est mort et on passe à autre chose.

• sortir des épisodes musicaux à intervalle réguliers: regarder la stratégie originale de Uniform motion pictures, c’est simple, c’est bon esprit et c’est bien fait. Ça donne envie de faire découvrir à d’autres. L’idée ici c’est de « casser » le format CD, 10-12 titres, sur un album qui ne sort que tous les ans au mieux, sortir de la musique sur la durée, avec un format original (vidéo + graphisme) suscite la curiosité des fans et aide à conserver l’intérêt dans la durée.

originalité, remix, détournements, humour, … le public aime les surprises, les idées originales, regardez les points qui vous caractérise et utilisez les pour vous différencier des autres. Chacun est unique. Jouer avec vos forces, mais aussi vos faiblesses…

observez et écoutez: regardez les statistiques de musiques écoutées et téléchargées, les vues de vidéos. Écoutez ce que les gens disent ou demandez leur directement.

J’ai mis beaucoup de possibilités dans cet article. Certaines fonctionneront mieux pour certains artistes que pour d’autres. A vous de faire vos choix et vos essais. Combinez certaines de ces stratégies selon vos besoins et vos capacités pour maximiser vos chances de toucher vote public. L’idée générale étant de tisser un filet sur internet en étant partout où les auditeurs passent ou s’arrêtent pour permettre à « ceux qui ne savent pas encore qu’ils adorent votre musique » de la découvrir.

Vous avez déjà essayé certaines choses dans ce sens ? Vous pensez à d’autres idées ?

Cet article a été initialement publié sur: toc-arts sous le titre “Quelles stratégies pour mettre sa musique en téléchargement?

crédits photos: FlickR CC: Ol.v!er; Jonhatan Assinks ; butterflyfootsie

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